Madely Schott 
Vénus Tour

Commissariat Martine Robin

Vernissage le samedi 3 mai 2025 de 11h à 18h

Exposition du 6 mai au 5 juillet 2025

Dans le cadre de la 17e édition du Printemps de l’Art Contemporain

Artiste pluridisciplinaire, Madely Schott explore inlassablement de nouveaux médiums et processus créatifs. Formée à la performance à La Cambre (Bruxelles), elle s’est d’abord illustrée dans le dessin avant d’ouvrir son champ de recherche à la technique de la laine feutrée. Une matière à la fois organique et expressive qu’elle transcende ici avec une rigueur formelle et une charge émotionnelle singulières.

La Vénus est la figure totémique qu’elle convoque et décline comme un modèle opératoire, une entité matricielle qui nous engage à la bienveillance envers le vivant, envers les autres, envers nous-mêmes. Une Vénus vibrante, porteuse d’ondes positives et d’élans sensoriels, qui s’innerve dans les corps et se déploie dans l’espace, à travers les multiples ramifications de ces petits personnages qui fourmillaient déjà dans ses dessins et se métamorphosent ici, dans le fil de ses broderies, en une myriade d’éléments végétalisés.

Son installation immersive fonctionne comme un parcours initiatique. Dès l’entrée, une vénus arche monumentale agit comme un seuil symbolique qui nous invite à s’abandonner à la narration sensorielle de l’oeuvre.

Le récit s’organise en quatre chapitres, autour du motif de la Vénus.

Le premier espace, intitulé Nous est en route vers la déroute, met en scène trois Vénus vertes, figures cathartiques des émotions contenues : elles recueillent colères, larmes et tensions, symbolisées par des éclairs stylisés. La multiplication des mains figure ici une capacité d’agir démultipliée, une énergie collective en gestation.

Cette première étape, profondément introspective, évoque la nécessité d’une déconstruction, une mise à nu, préalable à toute régénérescence.

Puis vient Nous est puissance en fugue, un appel à l’émancipation. Cette phase propose une échappée, un envol comme celui des oiseaux évoqués par Dominique A, « qui chantent dans le vent glacé». Ici, une balancelle suspendue invite littéralement à prendre de la hauteur, à s’aracher du sol et à plonger sa tête dans un nuage de laine. Un geste à la fois ludique et méditatif.

Dans Nous est poussière d’étoile, le visiteur pénètre un univers onirique baigné d’un halo doré. La Vénus devient ici puissance cosmique, en expansion. Elle apparaît sous une forme primitive, évoquant la célèbre Vénus de Willendorf. Sur sa poitrine, deux oiseaux sont dessinés, incarnant l’envol, la liberté et le désir d’émancipation. Tandis que sur son dos est tatouée l’injonction de redescendre sur terre, de réintégrer les zones de productivité sous peine de basculer dans la folie. Mais cette Vénus, reliée à son utérus, entend une voix intérieure qui l’encourage à vivre cette incartade, à en goûter chaque nuance, chaque vertige. Ce n’est que par l’expérience vécue qu’elle pourra réellement jouir du monde.

Enfin, Nous est rigolade du cosmos, clôture le voyage avec la vénus polichinelle, grotesque et jubilatoire, aux formes hypertrophiées : seins gonflés, fesses rebondies, ventre exagéré. Reliée à un bonnet d’âne par un cordon ombilical, elle incarne une beauté décomplexée, subversive, qui célèbre la joie et l’abandon à la danse comme acte de résistance.

Avec Vénus Tour, Madely Schott propose une expérience sensorielle et spirituelle dans une traversée poétique qui conjugue soin, réparation et métamorphose.
Vénus, aux mille visages, s’élève en guide et en manifeste, nous conviant à une réconciliation intime avec le sensible, à l’invention de langages nouveaux, de
chemins inédits pour habiter le lien à soi et aux autres.

Martine Robin